Action: mise en place de cellules de concertation locale dans 4 écoles

Porteurs: action menée par la plateforme intersectorielle liégeoise, et portée par C. DJIAN et S. GERARD (respectivement présidente et vice-présidente).

Quelle action de prévention est concernée?

Action de prévention sociale : processus expérientiel de mise en place de cellules de concertation locale dans 4 écoles
Le décret intersectoriel de 2013, permet la mise en place de politiques conjointes de l’Enseignement et de l’Aide à la jeunesse en faveur du bien-être des jeunes à l’école, de l’accrochage scolaire, de la prévention des violences et de l’accompagnement des démarches d’orientation. Ce décret propose également la création de dispositifs de concertations à différents niveaux.
Ce cadre légal a permis par exemple à Liège, via la plateforme intersectorielle Enseignement/Aide à la jeunesse, d’entamer un travail pour promouvoir et soutenir des concertations locales au plus près des écoles et des associations locales.
Au départ des problématiques vécues par les jeunes, 4 priorités/objectifs ont été retenus : l’accrochage scolaire ; les démarches d’orientations ; les violences/le harcèlement ; le bien-être à l’école.
Les partenaires pourront pour faire face à ces problématiques mettre en place des actions concertées au sein ou en dehors de l’école. Cette concertation prévoit aussi une dimension de coordination des acteurs autour de l’accompagnement de situations particulières vécues par les élèves.
Quatre écoles ont répondu à l’appel à projet. Pendant deux ans, un suivi méthodologique a été mis en place avec les acteurs dans et hors école.
Pour relater cette expérience un Webdocumentaire a été produit avec des outils et un guide méthodologique sur la mise en place de cellules de concertation locale. Ce guide permet de consolider la concertation entre les professionnels au service d’un meilleur accompagnement des jeunes.

Quelles sont les questions que cette expérience a fait surgir?

Grâce à l’expérimentation vécue avec les cellules de concertation locale mises en place dans les écoles volontaires et l’évaluation réalisées avec leurs membres, nous avons pu dégager un certain nombre de points de vigilance facilitant la construction et le fonctionnement du dispositif.

• Le temps de l’analyse

De l’expérimentation vécue au sein des établissements scolaires volontaires dans le projet, il ressort qu’il est primordial de prendre un temps d’analyse du contexte et de la réalité scolaire.
Prendre ce temps permettra de dégager le sens et l’enjeu de la construction d’une cellule de concertation locale et d’en définir les partenaires incontournables.
Exemple: carte d’identité de l’école? Besoins? Valeurs? Spécificités? Projets? Quelles sont les structures de concertation existantes? Valeur ajoutée? Partenaires existants?

• Les partenaires

Le décret prévoit un certain nombre de partenaires identifiés permettant le rassemblement structurel du secteur de l’Enseignement et de l’Aide à la jeunesse. L’alliance de ces deux secteurs permet au dispositif de prendre l’appellation de cellule de concertation locale.
Ainsi, s’y retrouveront un ou plusieurs représentants de la direction, des enseignants, du personnel d’éducation, du C.P.M.S., de la médiation scolaire, du conseiller ou du directeur de l’Aide à la Jeunesse, des A.M.O. et/ou d’un des services qui peut être mandaté par le Directeur ou le Conseiller.
L’expérience menée met en évidence la pertinence d’associer à ces partenaires d’autres services identifiés comme ressources dans un champ d’expertise et/ou en lien direct avec le jeune (exemple : services de proximité proches géographiquement de l’école et accueillant des jeunes et leur famille). Les besoins identifiés dans le temps d’analyse, faciliteront l’identification de ces services. Il existe dès lors autant de combinaisons partenariales que de cellules de concertation locale. L’idée étant de permettre à l’institution scolaire de s’enrichir des ressources gravitant autour d’elle.
Exemples: acteurs de la Santé, au sens large du terme (CLPS, Planning Familial, Maison Médicale); des acteurs du monde civil (CPAS, Ecole de Devoirs, Maison de Jeunes …); du monde culturel (le Centre Culturel ou la Bibliothèque communale). Et pourquoi pas des élèves ou des parents?
Dans le cadre de l’accompagnement que nous avons réalisé avec les écoles partenaires de notre projet, il apparaît également primordial de prendre un temps de prise de connaissance mutuelle des différentes structures et de la place qu’elles peuvent occuper au sein d’une cellule de concertation locale. Cette étape permet à chacun de développer et d’enrichir son information sur chaque partenaire, d’identifier le mandat et les limites de chacun et ainsi offrir un cadre de travail respectueux de tous.
Le rassemblement des services faisant partie de la cellule de concertation locale permettra dès lors de définir le fil rouge et les projets en fonction des besoins identifiés. La totalité des forces rassemblées dépassera la somme des parties et s’enrichira de la complémentarité apportée par chacun.

• Les objectifs

Afin de rassembler les divers partenaires autour d’un objet de travail commun, le temps de la réflexion et de l’identification des objectifs poursuivis par la CCL apparaît comme une étape importante du processus.
La thématique (exemple: prévention des violences) et les objectifs (exemple: améliorer le sentiment de cohésion des groupes classe) doivent permettre à chaque acteur de la cellule de dégager son champ d’action et sa complémentarité avec les autres partenaires. Chacun a une plus-value à apporter dans la recherche d’atteinte d’objectifs. Ces objectifs doivent être également réfléchis afin d’avoir une probabilité de succès et doivent pouvoir être réajustés en cours de route, en fonction de la réalité de leur faisabilité.

Comment avez-vous essayé de les résoudre?

  • Le ROI

De l’expérience menée, la structuration de la cellule de concertation locale par la réalisation d’un ROI est identifiée comme une étape permettant de baliser le cadre et de construire les fondations du dispositif.
Les éléments importants à faire apparaître dans le R.O.I. concernent:

  • La composition de la CCL: reprend la liste des membres intégrés au dispositif, le mandat et le rôle de chaque acteur.
  • L’organisation / la logistique: animateur? Secrétariat? PV? Compte-rendu? Ordre du jour? Rythme des rencontres? Durée des réunions ? Mode de prise de décisions?
  • L’éthique – RGPD – la déontologie: Afin que chacun puisse se sentir bien et que la CCL fonctionne de manière optimale, le ROI doit être une balise. Il doit aider chaque partenaire à se situer sur un curseur entre «devoir de discrétion» et «secret professionnel» (lien avec les travaux de Bxl + lien avec références légales liées au secret professionnel) et ce surtout si la CCL est susceptible d’aborder des situations individuelles. Les partenaires doivent pouvoir se respecter mutuellement dans leurs obligations légales et travailler en ayant au cœur des échanges le respect des jeunes et de leur vie privée.


La rédaction d’une charte peut être un outil de collaboration, même s’il n’est pas obligatoire de la faire signer par chacun. Elle permet de souligner une philosophie, une démarche dans laquelle la CCL souhaite s’inscrire ; elle permet également de prendre du recul et de s’y référer en cas d’événements « passionnels ».

  • Il est également fondamental de veiller à favoriser une qualité relationnelle entre les partenaires via une attention particulière à la dynamique du groupe.

Il s’avère important que ces moments de travail puissent offrir des espaces d’échanges conviviaux, où chacun peut se sentir à l’aise, respecté et prendre du plaisir dans son travail au sein de la Cellule de Concertation Locale.
Une réflexion et une répartition de l’organisation des rencontres peuvent également faciliter une dynamique de travail constructive et positive.
Quelques points.

  • L’accueil : prévoir un accueil lors de la rencontre, éventuellement des boissons.
  • Préparer les rencontres (ordre du jour, synthèse, matériel…).
  • Laisser des temps pour apprendre à se connaître, temps informels.
  • Définir clairement les rôles de chacun.
  • Convenir d’un animateur : faciliter la parole, garant de la circulation des infos, reformule, s’assure de la compréhension de chacun.
  • Partager les ressources afin de nourrir et ouvrir la réflexion (lectures, supports, personnes ressources, …).
  • Insister sur le positif, valoriser les ressources à disposition.
  • Garder des traces : utile tant pour l’analyse d’un dispositif à mettre en place que pour sa formalisation.
  • L’évaluation

Enfin, pour favoriser la pérennité du dispositif, la CCL doit également prévoir des moments pour réfléchir à son évolution et faire une auto-évaluation. Ces moments permettront notamment d’identifier les freins et les leviers pour la bonne continuité de la CCL.
Ces évaluations porteront à la fois sur des projets concrets et le fonctionnement de la CCL.
Concernant les projets concrets, il y aura lieu d’avoir une réflexion interne à la CCL, en amont de l’action, permettant de construire l’évaluation avec, pourquoi pas, quelques indicateurs (pouvant être qualitatifs).
Concernant les évaluations de la CCL en elle-même, deux temps semblent pertinents :

  • En fin d’année scolaire pour réaliser un feedback de l’année écoulée et se donner des prévisions pour l’année suivante.
  • En début ou courant de l’année scolaire pour permettre de se réajuster.

Parfois, une aide via un partenaire extérieur pourrait être bénéfique pour une évaluation efficace, le but étant de mieux fonctionner ensemble.

Quels enseignements en tirez-vous pour la mise en œuvre de la politique de prévention?

Quelques conditions favorables au bon fonctionnement d’un projet de cette forme

Savoir Coopérer

  • Capacité à utiliser un langage commun
  • Partager les différentes représentations
  • Développer une dynamique de compréhension de l’autre
  • Favoriser les boucles d’apprentissage qui permettent de créer, d’acquérir, de transférer de la connaissance, de modifier des comportements, d’ajuster des actions afin de produire de nouvelles connaissances.

 

Concrètement cela implique de pouvoir coopérer

  • Légitimer la CCL auprès des acteurs internes de l’école (reconnaissance)
  • Définir un pilotage
  • Expliciter des résultats attendus
  • Diversifier la composition du réseau
  • Définir les instances de régulation

 

Vouloir coopérer

  • Adhésion libre de chacun et s’engager pleinement dans le processus
  • Vouloir des bénéfices visibles
  • Etablir régulièrement les avancées et les mettre en évidence
  • Valoriser les contributions individuelles
  • Favoriser la convivialité

Autres éléments que vous souhaitez mettre en avant

FORCES

  • La philosophie du projet.
  • L’ambiance conviviale, le dynamisme des porteurs et leur accueil.
  • L’organisation et la gestion des rencontres.
  • La qualité des échanges : respect mutuel, écoute, authenticité, accessibilité.
  • «Mettre des visages» sur les partenaires.
  • Moins de solitude – enrichissement lié à la diversité.
  • Régularité de fréquentation des rencontres et nombre de participants.
  • Diversité des partenaires.
  • Côté pratique et concret des contenus.
  • Des intervenants de première ligne sont présents dans la CCL.
  • Une certaine autonomie est donnée à cette cellule de concertation.

 

FRAGILITES

  • Gestion du temps
  • La difficulté parfois d’impliquer les différents acteurs de l’école aux projets qui émanent de la CCL.
  • Charge de travail pour les pilotes de la CCL (feuillet de liaison, circulation de l’info, site…) A noter que si les responsabilités sont bien réparties, cela ne devrait pas poser de difficultés majeures.
  • Lorsqu’il y a un turn over des pilotes et des représentants des structures.
  • Grande hétérogénéité de public (thématiques…).
  • La concrétisation des projets et des actions communes.