Contributeur: Josselin Jamet – AMO Samarcande

Trouver les espaces où les acteurs de la prévention peuvent développer le modèle de société que porte la prévention de l’AAJ, et les manières de la faire.

Quelle question mériterait d’après vous un examen collectif dans le cadre des Assises de la prévention?

La prévention bénéficie en 2018 de 8% du budget du secteur de l’Aide à la jeunesse, soient environ 25 millions d’euros, pour assurer le fonctionnement et les salaires de 86 services AMO et des projets de prévention portés alors par les Conseils d’Arrondissement de l’Aide à la Jeunesse. L’augmentation du budget du secteur de l’Aide à la jeunesse (+20% de 2012 à 2018) a plus profité aux « prises en charge » (services mandatés ou mandants, +15%) qu’aux actions de prévention (+10%), alors même que le décret de 1991, comme celui de 2018, affirmait déjà la centralité de la prévention. Il y a donc là une situation paradoxale. Les méthodes employées par les services AMO sont certes moins coûteuses que celles employées, par exemple, par les services d’hébergements qui composent une bonne partie du secteur. Mais comment expliquer l’évolution des budgets récents alors que le secteur semblait trouver un sens historique dans le développement de la prévention et la limitation du recours au judiciaire et au placement en institution ?

Par ailleurs, seuls 500.000€ sur les 25 millions d’euros sont consacrés aux projets de prévention portés par les conseils de prévention. Nous en parlons pourtant énormément ! Le sous-champ de la prévention doit-il revoir sa position face aux responsables politiques ?

Pourquoi cela vous apparaît-il nécessaire?

L’étendue des missions, implicites et explicites, dévolues aux AMO ne peut pas être raisonnablement prise en compte par des services dont le cadre de l’Aide à la jeunesse leur propose 4.5 ETP (pour une catégorie 2, la plus nombreuse). Il y a une crainte légitime que le sens du travail se perde entre un idéal inatteignable et une réalité faite de beaucoup de frustrations. Le turn-over que cette perte de sens génère probablement n’est pas contré par l’habitude de recourir à des appels à projets internes à l’AAJ ou externes, qui ne permettent pas de constituer des équipes stables.

Quelles sont les attentes par rapport à ce travail d’exploration?

Trouver les espaces où les acteurs de la prévention peuvent développer le modèle de société que porte la prévention de l’AAJ, et les manières de la faire. Définir les postures que le secteur et ses acteurs doivent prendre pour sortir du carcan décrit plus haut.