Projet: Interpell’action

Porteur du projet: 16 AMO

Contributeur: AMO Promo Jeunes – Bruxelles

Présentation: Interpell’action est un projet qui s’inscrit dans l’action politique et qui a pour double objectif de mettre en évidence les constats de terrain et de réfléchir à des propositions d’améliorations concrètes des situations de vie des jeunes et familles. Interpell’action souhaite favoriser l’insertion sociale des jeunes bruxellois par la participation au sein d’un dispositif ayant l’équité comme fondement impliquant des experts du vécu, de l’intégration sociale, du monde académique ainsi que des décideurs.

Quel est le fait social concerné?

L’aggravation de la fracture économique, sociale et culturelle à Bruxelles est un constat souligné par l’ensemble du secteur jeunesse et repris dans le diagnostic social des AMO de l’arrondissement de Bruxelles. Cette fracture des citoyens de la Région de Bruxelles-Capitale se double d’une fracture spatiale matérialisée par le sillon du canal. Cet espace ainsi délimité est souvent appelé “le croissant pauvre”, en référence à sa forme caractéristique. Dans un certain nombre de cas, cette dualisation produit des inégalités dans l’usage des codes sociaux, des opportunités, des traditions, des ressources et des aspirations différentes.

Interpell’action est un projet qui s’inscrit dans l’action politique et qui a pour double objectif de mettre en évidence les constats de terrain et de réfléchir à des propositions d’améliorations concrètes des situations de vie des jeunes et familles.

Quels sont les Groupes concernés?

Les jeunes et leur famille. Les travailleurs sociaux en lien avec la jeunesse. Certaines autorités politiques.

Quelle description de la problématique peut être faite?

Nos services sont témoins d’une paupérisation de plus en plus grande des jeunes et familles qui sollicitent notre aide. Nos diagnostics sociaux en témoignent tous. Nous sommes des observateurs privilégiés de leur détresse financière, culturelle et sociale en plein accroissement.

Nous sommes aussi souvent les témoins et parfois, malgré nous, les auteurs de violences invisibles dont témoigne l’avis 50 du CAAJ. Les violences structurelles dont ils sont victimes (accès à l’éducation, au logement, à la culture, au marché du travail, à l’aide sociale, au chômage, au revenu d’intégration) sont les sources d’une violence visible qui est et sera retournée contre la société plus celles que ces jeunes et ces familles vivent seront fortes.

Au nom d’une illusoire sécurité, les politiques à l’œuvre tendent à responsabiliser déraisonnablement les individus les plus fragiles.

En niant les responsabilités sociales, les politiques légitiment les violences à destination des plus faibles et instaurent d’avantage de pression. Si nous ne bougeons pas, le repli communautaire que nous vivons sera alors devenu la norme. Tout comme pour le climat, il est urgent de mettre en place les conditions permettant l’émergence de projets émancipateurs pour tous. Pour arriver à inverser la tendance, nous ne pouvons continuer à réfléchir en vase clos, nous devons nous ouvrir, et agir collectivement (acteurs sociaux de tous secteurs, chercheurs, politiques, experts de vécu, enseignants,…) pour trouver des pistes de changement au risque de perde le sens commun avec les populations de nos quartiers.

Que cherche-t-on à prévenir?

Au nombre des “dérives” constatées par les services AMO, la plus inquiétante nous semble être la désaffiliation sociale à l’œuvre dans le chef des jeunes rencontrés.

Les plus jeunes, qui représentent une part importante de la population bruxelloise, devraient en toute logique faire l’objet de toutes les attentions: c’est en effet sur leurs épaules que résident les opportunités de changements futurs, d’intégrations harmonieuses, de construction d’un espace commun non conflictuel. Malheureusement, il n’en est rien.

La vision du travail social spécifique des AMO ne résiste malheureusement plus à la réalité des faits. En effet, la quasi-totalité des familles suivies ont “décroché” depuis longtemps, et c’est dans l’urgence que se situent les actions des structures sociales. Les AMO peinent à orienter leur travail dans la prévention face aux situations de plus en plus complexes et multifactorielles. Les AMO suppléent à un certains nombres de services face aux urgences et il est difficile de faciliter l’élaboration d’un projet de vie quand les besoins vitaux sont menacés, voire non satisfaits.

Cette situation est bien entendu connue, et afin de tenter d’y apporter des réponses, ou parfois plus simplement de la comprendre, il arrive souvent que des plateformes, des rencontres, des réunions soient organisées en mobilisant des experts de l’aide sociale (acteurs professionnels de terrain), des experts académiques (chercheurs), des experts décideurs (des décideurs politiques) et des “experts du vécu” (des habitants des îlots-quartiers rencontrant les problématiques mentionnées ci-dessus). Le constat est toujours le même: un dialogue de sourds s’installe. Chaque type d’experts s’avère parler un langage qui n’est pas partagé. Le vocabulaire utilisé, les intérêts, les points de vues, les enjeux, les potentialités d’analyses, d’expression, de réaction, les différences sont tellement marquées entre des participants pourtant le plus souvent emplis de bonne volonté, qu’un sentiment d’inutilité et de frustration se dégage de ces heures passées à chercher une rencontre qui finalement n’a jamais véritablement lieu. L’inégalité de la légitimité des savoirs de ces différents experts rend bien souvent inopérantes toutes les tentatives de participation citoyenne des personnes concernées par ces problématiques et accroissent davantage encore la désaffiliation de ces acteurs vis-à-vis de la société bruxelloise.

Quel est le timing de l’action?

Interpell’action existe depuis 2018.

Dans un premier temps, ces problématiques ont été mises en évidences par nos différents services. Elle ont été objectivées lors d’une enquête intersectorielle menée au début de 2019 à l’échelle de l’ensemble de la Communauté Française (cf. analyse du CERISES) et ont fait l’objet d’une conférence de presse et de quelques interventions médiatiques.

Dans un second temps, avec à nouveau le soutien du CERISES, une deuxième récolte de témoignages s’est réalisée auprès des jeunes et des parents qui fréquentent nos services.

La troisième phase, qui vise à une journée regroupant jeunes, travailleurs sociaux et politiques, a malheureusement dû être reportée en raison du Covid 19. Nous espérons la mettre en œuvre en 2022.

Quelle transformation sociale est souhaitée?

Favoriser l’insertion sociale des jeunes bruxellois par la participation au sein d’un dispositif ayant l’équité comme fondement impliquant des experts du vécu, de l’intégration sociale, du monde académique ainsi que des décideurs.

Quels sont les acteurs mobilisés et quelles relations seront construites entre eux? Quels sont les apports et retours espérés pour chacun d’eux?

  • Seize AMO porteuses du projet.
  • Le CERISES en tant qu’expert académique.
  • CollectivA en tant que facilitateur par le biais d’outil d’intelligence collective.
  • Les jeunes et leur famille.
  • Les travailleurs sociaux du secteur jeunesse.
  • Les décideurs politiques.

 

Si nous partons du constat que le dialogue entre les différents experts n’a pas réellement lieu, comment alors assurer la co-construction paritaire avec les experts du vécu (jeunes et familles), les experts académiques, les experts de l’aide et les experts décideurs ?

C’est ici que se situe tout l’enjeu et à la fois le pari de notre projet. Il peut s’appuyer sur un nombre important de partenaires déjà actifs et partageant à la fois nos différents constats et notre expertise.

Toutefois, nous partons d’un principe d’équité qui veut que pour que tous les acteurs puissent posséder les mêmes possibilités de prise en considération de leur parole et de leurs expertises, il nous faudra avant toute chose renforcer les capacités des experts les plus vulnérables à s’impliquer dans un processus de co-construction.

Autres éléments que vous souhaitez mettre en avant

Toutes les contributions reçues seront publiées à partir du mois de septembre.