Porteurs: AMO Droit des Jeunes et SRG le Phare

Le projet vise à proposer aux jeunes hébergés en SRG des clés pour leur transition vers le majorité et la vie autonome et indépendante.

Quel est le fait social concerné?

Au vu des nombreux questionnements et craintes renvoyés par les jeunes à l’équipe professionnelle du SRG le PHARE, il était important d’apporter une réponse juridique et sociale de qualité à l’ensemble de ces jeunes. L’équipe professionnelle du PHARE a donc fait appel à l’AMO Droit des Jeunes. En effet, en tant qu’AMO notre mission est de mettre en œuvre des actions de prévention éducative et sociale afin de favoriser entre autre, l’émancipation et l’autonomie des jeunes. Dans ce projet, l’intention est d’apporter un soutien en terme de prévention auprès d’un service de l’aide à la jeunesse qui n’a pas comme mission principale la prévention. Mais également de permettre aux jeunes d’avoir des ressources supplémentaires pour apporter un changement, une transformation quant à leur relation avec leur futur nouvel environnement dans le cadre leur transition vers la majorité. Mais aussi de favoriser l’accès à leurs droits via une meilleure connaissance des institutions qui font partie de leur environnement social.

Quels sont les Groupes concernés?

Jeunes hébergés en SRG, en transition vers la majorité.

Quelle description de la problématique peut être faite?

Dans un premier temps, nous avons rencontré le chef éducateur, qui nous a transmis les questionnements des jeunes et le cadre dans lequel nous devrions intervenir.

Une première réunion d’information est prévue avec l’équipe afin d’apporter un savoir juridique sur les différentes démarches et enjeux auxquels le jeune sera confronté. Les thématiques seront choisies en fonction de la temporalité. Les premières démarches à réaliser avec le jeune intéressent davantage les travailleurs, que les démarches réalisées plus tardivement. La présentation de ces informations sera axée sur le point de vue légal. Cependant, nous souhaitons mettre en place un dispositif ludique qui favorise les échanges. Nous allons réaliser des panneaux à thématique: mutuelle, CPAS, Job étudiant, allocations familiales, bourse d’étude, bail, démarches administratives et divers. Sur ces panneaux, l’équipe devra y déposer des ‘post-it’ reprenant leurs différentes questions, remarques ou points d’attention. Chacune des travailleuses présentes pour l’animation pourra se munir des post-it et y répondre. Cette animation nous permet de partir des questionnements de l’équipe et de les rendre acteur de ce processus à mettre en place au bénéfice des jeunes.

À la suite de cette réunion, d’autres rencontres pourront être programmées en fonction du besoin des travailleurs. Nous allons proposer à l’équipe de les soutenir et d’être dans un processus de réflexion avec eux pour les accompagner au mieux dans une démarche de prévention et de mise en œuvre d’actions au bénéficie des jeunes. En effet, dans le travail quotidien, l’équipe du SRG a des effets de prévention auprès des jeunes mais a besoin de soutien afin de mettre en œuvre des actions de prévention et c’est dans ce cadre que nous AMO, nous allons les accompagner. Ces actions de prévention pourraient prendre la forme d’une boite aux lettres individuelle pour chaque jeune afin qu’ils puissent identifier les étapes à réaliser lorsqu’on reçoit un courrier, ou encore d’instaurer un budget quotidien avec de l’argent fictif pour que les jeunes puissent dores et déjà adapter des réflexes de gestion d’un budget, …

Que cherche-t-on à prévenir?

Le projet vise à accompagner le jeune dans sa transition vers la majorité et la vie ‘post’ hébergement en SRG. De cette manière, les équipes de l’AMO et du SRG souhaitent aider à briser l’isolement du jeune face aux difficultés qu’il pourrait rencontrer dans sa vie seule en lui donnant accès à un maximum d’informations, et ainsi de droits.

Quel est le timing de l’action?

La deuxième partie de ce projet sera consacrée à la rencontre des jeunes. Lors de ces rencontres, nous allons partir de leur réalité et de leurs paroles afin de répondre à leurs demandes et besoins. Nous allons construire avec eux les thématiques à aborder qui compléteront les thématiques que le chef des éducateurs a déjà pu cibler.

  • Contrat de bail avec un point sur la recherche logement-réalité difficile
  • Assurance
  • Endettement/crédit
  • Commune: changement d’adresse, taxe poubelle, composition de ménage, …Budget: réaliser un budget, gestion des factures,…
  • Mutuelle
  • Energies: Prime Adel
  • CPAS
  • Allocations familiales
  • Bourse d’étude
  • Sport/loisirs/culture

 

À travers ces thématiques, il nous sera possible d’aborder l’ensemble des points d’inquiétudes du jeune. Mais également de le soumettre aux différentes réalités auxquelles il devra faire face. Certaines d’entre-elles seront abordées à titre d’information tandis que d’autres seront travaillées en profondeur avec le jeune via des outils pédagogiques. En effet, nous souhaitons réaliser des animations interactives afin d’informer le jeune de manière ludique. Différents outils d’animations seront utilisés; jeu brise-glace, jeu de l’oie version autonomie, komoot, vidéos, jeux,… Nous réaliserons ces activités durant trois journées. Si des interrogations persistent chez les jeunes, de nouvelles rencontres pourraient être fixées.

Quelle transformation sociale est souhaitée?

Permettre aux jeunes d’avoir des ressources supplémentaires pour apporter un changement, une transformation quant à leurs relations avec leur futur nouvel environnement dans le cadre de leur transition vers la majorité. Mais aussi de favoriser l’accès à leurs droits via une meilleure connaissance des institutions qui font partie de leur environnement social.

Quels sont les acteurs mobilisés et quelles relations seront construites entre eux? Quels sont les apports et retours espérés pour chacun d’eux?

La finalité de ce partenariat sera construite avec les jeunes et les travailleurs du SRG. Pour l’AMO Droit des jeunes, ces animations ont un double objectif, faire connaître notre service aux jeunes majeurs afin de devenir un repère pour eux et leur permettre de bien vivre cette transition à un moment charnière qui est le passage à la majorité. Nous mettons alors un point d’honneur à créer des liens de confiance avec les jeunes pour maintenir un contact privilégié dans le futur. Et notre deuxième objectif est de soutenir et d’accompagner l’équipe du SRG dans des actions de prévention auprès des jeunes. Nous espérons faire prospérer ce partenariat et même proposer ce nouvel outil à d’autres partenaires.

Autres éléments que vous souhaitez mettre en avant

AUTONOMIE VS INDÉPENDANCE ?

Le Service Résidentiel Général (SRG) ‘le PHARE’ accompagne les jeunes dans leur vie quotidienne. Certains d’entre eux, âgés de 16 à 18 ans, se questionnent sur ‘l’après’. En effet, lorsque ces jeunes atteignent leur majorité, ils sont confrontés à une transition: prendre leur ‘autonomie’, à savoir, bien souvent vivre seul après avoir connu une vie en institution.

Bien que le terme ‘autonomie’ est employé couramment dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse, pouvons-nous réellement parler d’autonomie?

L’autonomie du jeune est l’un des premiers buts poursuivis lors des dernières années d’accompagnement au sein du SRG. Pourtant, le terme autonomie ne semble pas être adéquat quant à la qualification du public de jeunes.

L’autonomie et l’indépendance sont deux termes aux significations similaires qui pourtant ciblent différentes nuances.

Les courants davantage basés sur la philosophie, définissent l’autonomie comme étant le fait de se gouverner par ses propres lois, car ‘auto’ signifie ‘soi-même’ et ‘nomos’ sont les ‘règles’. Ainsi on parle d’autonomie quand on a la faculté de choisir, d’agir librement et de se déterminer soi-même. Tandis que l’indépendance est définie comme étant la capacité physique à réaliser une action.

Par ces définitions l’autonomie cible la raison, les raisonnements cognitifs, tandis que l’indépendance cible les actions physiques. Un jeune peut alors être autonome mais pas indépendant, ou inversement, ou encore les deux à la fois. Ce raisonnement dualiste semble réducteur face aux nuances que ces termes peuvent induire.

Via ces définitions, chaque jeune accueilli au PHARE peut être considéré comme indépendant puisqu’il a la capacité physique de réaliser les choses et autonome puisqu’il a la capacité de se fixer ses propres règles. Ces règles ne sont peut-être pas celles que la société attend de lui. Quel serait alors le réel but poursuivi par cette ‘mise en autonomie’?

L’auteur Jean-Marie VAUCHEZ ajoute une dimension supplémentaire à ces notions: ‘L’autonomie se trouverait alors plus du côté de la capacité d’une personne à assurer seule les divers actes de sa vie aux différents niveaux du quotidien, de la vie sociale, des déplacements… L’indépendance quant à elle, se situerait plutôt dans le champ relationnel, de la relation à l’autre. Il s’agirait donc de pouvoir supporter l’absence de l’autre ou d’être capable de ne pas être sous l’emprise et l’influence d’autres personnes – qui pourraient être le parent, le conjoint, ou l’éducateur!’.

Afin d’exemplifier ces théories, si un jeune est capable de se faire à manger, de ranger ses affaires, de gérer ses déplacements, de prendre ses propres décisions, il serait donc autonome. Mais il n’est pas indépendant puisque le travail sous mandat entretient une relation de dépendance entre les éducateurs, l’institution, l’autorité mandante et le jeune. Le but poursuivi avant leur majorité, est donc d’offrir au jeune le plus d’outils et de ressources possibles afin de briser cette dépendance et qu’il puisse appréhender son nouvel environnement de la meilleure façon.

Il est donc primordial de clarifier que dans les faits, le service mandaté tend à rendre les jeunes indépendants et autonomes. Bien entendu, le niveau d’autonomie des jeunes peuvent varier, en fonction de l’âge, du vécu, de l’éducation,… Mais chacun d’entre eux dispose des ressources pour être autonomes. Notons également, qu’il est essentiel de travailler l’indépendance de ces jeunes le plus tôt possible afin qu’ils puissent appréhender la vie post-institutionnelle plus facilement, mais que l’indépendance de ces jeunes est rarement acquise à leur majorité au vu de la complexité de leurs situations.