Contributeur: collectif AMOSPHERE

Pourquoi se donner les moyens d’une véritable politique de prévention?

Quelle question mériterait d’après vous un examen collectif dans le cadre des Assises de la prévention?

Ensemble, les services A.M.O. du collectif AMOSPHERE, nous voulons partager certains constats mettant en lumière un manque de ressources structurelles handicapant considérablement l’impact espéré d’une prévention pourtant considérée comme prioritaire pour le législateur dans le cadre du nouveau Code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse de 2018.

Le collectif AMOSPHERE est un collectif rassemblant les 10 services A.M.O. du Hainaut Est, division judiciaire de Charleroi.

Si chacun des services A.M.O. développe des spécificités propres, force est de constater qu’elles sont complémentaires et nécessaires pour répondre à la diversité des demandes des jeunes et de leurs familles.

L’indice socioéconomique faible de notre territoire associé à une grande disparité entre le milieu rural, péri-urbain et urbain nous imposent une offre de service complémentaire pour une prévention davantage efficiente.

Se rassembler c’est pouvoir coordonner nos actions mais c’est aussi les rendre visibles auprès des partenaires, de notre public et des instances de l’Aide à la Jeunesse.

Pourquoi cela vous apparaît-il nécessaire?

  • Ces 5 dernières années, la charge de travail des Services A.M.O. s’est considérablement alourdie tant dans le cadre de la prévention éducative individuelle et collective que dans le cadre de la prévention sociale. Nous dénombrons pour l’ensemble des Services A.M.O. du Hainaut-Est, en moyenne, par an:
    • plus de 1200 accompagnements éducatifs individuels;
    • plus de 2300 demandes ponctuelles dont un nombre non négligeable de demandes juridiques;
    • près de 200 écoles (primaires et secondaires, tous réseaux confondus) avec lesquelles nous collaborons dans le cadre d’animations sur différentes thématiques telles que la prévention des violences intra et périscolaires, les droits des jeunes, le bien-être à l’école, la prévention de la violence dans les relations amoureuses chez les adolescents, la prévention des assuétudes, …;
    • plus de 5000 jeunes différents, rencontrés dans le cadre de notre travail de rue dans nos zones d’action;
    • environ 15000 jeunes touchés directement et régulièrement par les actions éducatives collectives qui impliquent un investissement considérable et récurrent des équipes dans tout le processus de mise en œuvre de ces projets;
    • 400 jeunes hébergés par le service agréé comme A.M.O. 24h/24.
  • A l’accomplissement de nos missions de prévention des Services A.M.O. tant au niveau de l’axe individuel qu’au niveau de l’axe collectif, s’ajoutent des demandes orientées hâtivement par le S.A.J. vers nos services. Nombre d’entre elles requièrent la mise en place d’une aide spécialisée. Cela engendre une perte de temps considérable dans la mise en place d’un accompagnement adéquat à l’attention des bénéficiaires et court le risque de confusion des identités entre les Services A.M.O. et le S.A.J. Le travail d’investigation de la demande étant souvent accompli, dans ce cas, par les Services A.M.O. plutôt que par le S.A.J. Le risque réel est que les Services A.M.O. ne deviennent l’antichambre du S.A.J.
  • La complexité accrue des situations adressées vers les Services A.M.O., dont les facteurs de précarité sont multifactoriels, nécessite une expertise certaine et du personnel formé spécifiquement pour assurer l’axe de prévention éducative de façon optimale. Le curseur de la prévention s’est au fil du temps déplacé et les Services A.M.O. sont, de plus en plus, amenés à prendre en charge des situations complexes qui antérieurement faisaient l’objet d’une aide mandatée.
  • Notre cadre de travail induit par ailleurs un investissement vers le réseau, investissement nécessaire mais chronophage que ce soit dans les partenariats de proximité, dans les organes initiés par le nouveau code (CP, CCI) ou dans les plateformes et autres comités d’accompagnement.
  • Les organes issus du nouveau code (Conseil de prévention, collège de prévention, CCI) sont intéressants par leur structure qui amène de l’intersectorialité. Cependant, nous déplorons le nombre de réunions conséquentes ainsi que le peu de participation de certains secteurs. La phase descendante du collège de prévention et sa réflexion n’est pas ou peu perceptible pour les acteurs de terrain.
  • Les enveloppes budgétaires des appels à projets à l’attention des Conseils de Prévention de l’Aide à la Jeunesse ne sont pas assez conséquentes, pour pouvoir ouvrir ces appels à projets à tout un chacun (administrations communales, écoles, …).

Quelles sont vos attentes par rapport à ce travail d’exploration?

  • Renforcement et stabilisation du cadre du personnel via la reconnaissance en catégorie supérieure et/ou à travers le subventionnement des antennes au bénéfice des Services A.M.O. de la division judicaire de Charleroi pour permettre:
    • la pluridisciplinarité des équipes des Services A.M.O., nécessaire pour apporter une réponse globale et intégrée aux demandes individuelles qui se complexifient toujours plus;
    • la multiplication des points d’ancrage des Services A.M.O. dans notre territoire d’action pour favoriser leur accessibilité, développer les partenariats actifs et concrets, augmenter les accompagnements individuels et le développement d’actions collectives de prévention;
    • la pérennisation d’outils d’animation de prévention créés notamment grâce aux appels à projets ponctuels;
    • la reconnaissance, comme Service AMO en catégorie 1, d’antenne(s) agréées depuis plusieurs années sur la division de Charleroi.
  • Augmentation de la fréquentation et de la qualité des échanges du Conseil de Prévention et du CCI, pour favoriser l’intersectorialité et tendre vers une simplification du système mis en place: en remobilisant les autres secteurs ou autres acteurs de l’AJ qui les délaissent par désintérêt; en adaptant la fréquence des réunions en fonction du contenu; en rendant attrayantes les réunions par des thématiques variées qui intéressent les différents secteurs.
  • Faute d’augmentation des budgets de prévention sur la division, les porteurs de projets, dans le cadre des Conseils de Prévention de l’Aide à la Jeunesse, devraient être, à notre sens, soit exclusivement ou prioritairement des acteurs subsidiés par l’Aide à la Jeunesse, l’intersectorialité pouvant être soit exigée ou soit recommandée (critère de priorité) dans la composition du partenariat.