Contributeur: les services AMO de la fédération FISSAAJ/Unessa

Nous avons mené une réflexion collective au sein du groupe des services AMO de la FISSAAJ/UNESSA et vous communiquons dans la suite les quelques propositions et questionnements que nous souhaitons partager collectivement avec le comité de suivi de ces Assises.

Quelle(s) question(s) mériterai(en)t d’après vous un examen collectif dans le cadre des Assises de la prévention?

Dans le cadre de l’organisation des Assises de la Prévention, nous avons bien pris connaissance des buts poursuivis et d’une esquisse de la méthodologie qui sera mobilisée. Nous pouvons bien sûr rejoindre ces buts et nous nous réjouissons de l’intention de dynamique participative clairement annoncée.

La première phase du processus est ainsi définie sur le site qui y est consacré: “En amont de cette journée, à partir du mois de juillet et jusque fin novembre, tous seront invités à communiquer des expériences de prévention sociale (en cours ou terminées) qui se sont révélées prometteuses, à communiquer les questions qui mériteraient une instruction collective, à explorer les questions que la nouvelle politique de prévention pose à l’état pratique.”

Nous avons mené une réflexion collective au sein du groupe des services AMO de la FISSAAJ/UNESSA et vous communiquons dans la suite les quelques propositions et questionnements que nous souhaitons partager collectivement avec le comité de suivi de ces Assises.

Nous nous sommes autorisés, dans un premier temps, un questionnement du dispositif, tant il semblait que des “interpellations” sur le processus lui-même interféraient avec le contenu des discussions.

Nous pensons que ce questionnement est indissociable de la question de la gestion de la prévention dans les missions de l’Aide à la jeunesse et surtout des conditions de la mise en pratique sur le terrain.

Le “design” du processus proposé a suscité auprès des équipes une forme de “résistance” ou au moins une difficulté à s’en approprier, ceci du fait de plusieurs points de tension.

  1. Les Assises de la Prévention sont organisées en parallèle d’une évaluation du Décret, ce qui rend ainsi difficile de définir le périmètre de chaque démarche, sachant que la réalité de terrain entretient une relation dynamique avec la cadre législatif et réglementaire.
  2. Le processus méthodologique apparaît complexe au regard des équipes, ce qui a freiné l’appropriation de la démarche par les personnes qui portent les projets sur le terrain de la proximité, en relation étroite avec le public des jeunes et des familles vulnérables.
  3. Nous nous sommes étonnés du fait que les principaux “rouages” et instances de la mise en œuvre de la politique de prévention n’aient pas été plus sollicités ou impliqués dans la construction du dispositif. Les Conseils de prévention, institués comme “moteurs territorialisés” de l’action préventive impliquant des acteurs de secteurs différents et des pratiques transversales, nous semblent marginalisés ou du moins sous investis.
  4. Les équipes sont fortement sollicitées de toute part, notamment par le biais d’appels à projets en tous sens. Ces derniers exigeant un investissement en temps et en énergie quelques fois peu en rapport avec le “retour” en termes de moyens octroyés.
    L’élaboration de projets intégrés dans le plan d’action des Conseils de prévention implique une grande mobilisation des travailleurs de terrain et de gros efforts de mobilisation de partenaires potentiels pour des actions qui ne sont quelques fois pas admissibles ou non retenues (n’oublions pas la grande sollicitation des équipes des SAMO par des services ou institutions souhaitant simplement légitimer un partenariat de façon à déposer un dossier dans le cadre de l’appel à projets).
    Des travailleurs expriment une forme de “ras-le-bol” en rapport avec la multitude des sollicitations qui épuisent les énergies, dans des “timings” ne respectant pas souvent le rythme des actions menées sur le terrain.
  5. Beaucoup de “matériel” est déjà disponible: les diagnostics sociaux des services AMO et des Conseils de prévention, les plans d’actions triennaux, diverses productions émanant de collectifs comme par exemple le travail effectué dans le cadre de “Générations AMO”, etc. Sans compter les divers rapports d’activités et/ou interpellations diverses.
  6. Enfin, quelle place pour l’intersectorialité dans la co-construction même du processus, qui a pour but d’investiguer les conditions et facteurs facilitant les pratiques transversales?

 

Une série de questions, “à investiguer collectivement pour favoriser les actions et les relations entre les acteurs de la prévention ont été soulevées dans le cadre de cette réflexion collective.
Les voici listées ci-dessous.

  1. Quelle place du jeune dans l’architecture des instances chargées de mettre en œuvre la politique de Prévention? Participation directe ou indirecte? Par exemple dans les travaux menés par le Conseil de prévention tant au niveau de la composition du Conseil que des actions qui y sont menées sous forme de groupes de travail, commissions ou autres, …
  2. La prévention implique une dimension éducative et une dimension sociale dans les actions menées:
    • Quelle place pour la concertation au niveau du réseau contribuant à accompagner et aider le jeune en l’y impliquant ? N’y-a-t-il pas lieu de monter en généralité cette méthode, de sorte d’en faire un véritable outil de prévention sociale?
    • Envisager un soutien à l’orientation du jeune vers le service de proximité, style “numéro vert” qui pourrait mettre en contact le jeune directement avec un service.
  3. Quel rôle pourrait jouer l’administration de la FWB dans la promotion des outils de prévention? Ne devrait-elle pas davantage jouer un rôle de facilitateur dans les démarches de valorisation et de visibilité des actions et des outils de prévention?
  4. La question est également posée de pouvoir mettre à disposition des équipes un “comité d’avis – centre de ressources” des campagnes de prévention ayant un rayonnement et un impact supra-local.
  5. De façon à pouvoir adapter les compétences des équipes aux aspects spécifiques de certaines actions menées et aux nouveaux enjeux et besoins émergents, il nous semble indispensable d’envisager une possibilité de diversification des profils de fonction au sein des équipes de prévention, tant dans les SAMO que dans les équipes de services de prévention.
  6. Face à la logique des projets, qui implique un éclatement des ressources et une perte considérable de temps et d’énergie de la part des équipes, ainsi qu’une “mise en concurrence” des services, nous souhaiterions un renforcement structurel des services, de façon à favoriser la logique de prévention à moyen et long terme.
  7. Quelle articulation des services de l’ONE et des services de Prévention agrées dans le cadre de la prise en charge de la petite enfance? Dans les logiques des décrets et d’agrément? Entre AMO et consultation ONE? Entre action de prévention sociale et activités agrées par l’ONE?