La transversalité des politiques et dispositifs pour les jeunes MENA
Contributeur: la concertation wallonne des acteurs en charge des MENA ex-MENA – Fondation Joseph Denamur
Quelle question mériterait d’après vous un examen collectif dans le cadre des Assises de la prévention?
La question de la transversalité des politiques et des dispositifs.
Comment articuler au mieux les différents domaines de l’action publique et les dispositifs mis (ou à mettre) en place pour les jeunes MENA ayant des besoins multiples, notamment au moment charnière du passage à la majorité de ces jeunes?
Cette question se pose bien évidemment pour d’autres jeunes que les MENA (par exemple les jeunes pris en charge par l’AJ et atteignant la majorité). Nous formulons la question sous l’angle de vue des MENA s’agissant de notre secteur d’intervention et laissons le soin à d’autres professionnels (ou non) de compléter.
Pourquoi cela vous apparaît-il nécessaire?
Le passage à la majorité est souvent qualifié de “couperet”, “saut dans le vide”, “passage redoutable”. Envisager l’aide du jeune et la prévention sous l’angle de la politique de l’aide à la jeunesse ne suffit évidemment pas. Différentes politiques (et dispositifs) sont en jeu et devraient s’articuler: les politiques de logement, des droits sociaux (et de leur individualisation), de séjour, de la scolarité, de la formation, de l’intégration, de la jeunesse, du handicap, de la santé mentale, etc.
Les MENA (et d’autres jeunes) qui ont des besoins multiples relèvent de ces différentes politiques (séjour, accueil, scolarité, intégration, santé mentale, etc.).
Quelques services accompagnent ces MENA ou ex-MENA et tentent d’apporter des réponses articulées. Bien des défis s’offrent à eux dans les pistes de solutions offertes.
Qu’en est-il, par exemple, des MENA (proche de la majorité ou jeunes majeures) en décrochage scolaire à la croisée de politiques de l’aide à la jeunesse, de l’enseignement, de la formation, de l’intégration, de l’action sociale, voire de la santé mentale?
Qu’en est-il, autre exemple, de l’accueil de ces jeunes aux vulnérabilités multiples?
Au sein de l’accueil collectif, la limitation des ressources et les différences parfois significatives de capacités, de formation et d’expertise entre acteurs du réseau d’accueil des demandeurs de protection internationale et des services de l’aide à la jeunesse soulignent la nécessité d’harmoniser les politiques d’accueil et de renforcer le modèle de prise en charge des MENA, en conformité avec la CIDE. On peut déplorer que l’implication limitée du secteur de l’aide à la jeunesse à l’égard des MENA, malgré leur grande vulnérabilité et bien qu’il y ait eu des avancées (ex. PLAN MENA), a pour conséquence que la qualité de migrant de ces enfants prévaut sur celles d’enfants privés de leur milieu familial. (Voir UNHCR, “Vers une protection renforcée des enfants non accompagnés et séparés en Belgique. État des lieux et recommandations”, Avril 2019.)
Quelles sont vos attentes par rapport à ce travail d’exploration?
Des rencontres intersectorielles (AJ, MENA, logement, etc.) déterminant les points d’achoppement (par exemple au moment du passage à la majorité et/ou de la recherche d’un logement autonome), permettant des échanges de pratiques, des créations de réseau.
Des interpellations, sensibilisations des différents niveaux de pouvoir pour des réflexions transversales des politiques (ex. lors des Conférences interministérielles sur la migration et l’intégration).