Sur la région de Marche, plusieurs dispositifs de “mise en autonomie de jeunes” sont en place depuis plusieurs années. Nous vous en présentons deux mises en place grâce au partenariat.

Hargi’jeunes, un dispositif innovant de mise en autonomie pour les jeunes.

  • Ce projet est porté depuis le départ par 3 partenaires
    • l’Agence immobilière sociale (AIS) Nord–Luxembourg
    • le CPAS de Marche-en-Famenne
    • l’AMO Mic-Ados


L’OLIVIER
, un logement solidaire pour jeunes fragilisés avec perspective de vie autonome. Avec ou sans mandat.

  • Le Villages d’Enfants (SRG) collabore dans ce projet avec
    • l’Agence immobilière sociale Nord–Luxembourg
    • le CPAS de Marche-en-Famenne
    • l’AMO Mic-Ados

Quel est le fait social concerné?

  • Crise du logement et l’accès au logement pour les jeunes plus vulnérables.
  • L’isolement social et l’insertion des jeunes en situation de vulnérabilité.
  • La précarité dans la transition vers l’âge adulte.
  • Crise du logement et discrimination pour les jeunes placés qui ont malgré eux une étiquette négative, défavorable à l’obtention d’un logement.
  • La difficulté de sortir d’un placement à 18 ans. La difficulté de s’intégrer dans une société complexe et très peu adaptée à leur profil (complexité administrative).
  • Coût d’un logement privé.

Quels sont les Groupes concernés?

Hargi’jeunes

Les jeunes concernés ont entre 16 et 22 ans. Ils sont tous en situation de vulnérabilité. Certains ont un parcours dans l’Aide à la Jeunesse (fin de placement ou suivi en famille). Certains sont en situation de conflit familial, certains vivaient dans la rue avant leur arrivée dans le projet.

La plupart ont vécu ou vivent des difficultés liées aux relations familiales difficiles, rencontrent des soucis de santé, physique ou mentale, de consommation… Leur parcours est fait de hauts et de bas.

L’olivier

Ces logements sont proposés aux jeunes entre 16 et 23 ans, avec une vulnérabilité appréciée au cas par cas par une cellule sociale, mais sans pathologie psychiatrique ou addiction lourde révélée.

  • Nous accompagnons les jeunes de notre institution dans un cadre défini et légal avec mandat SAJ ou SPJ entre 16 ans et 20 ans.
    • Dès 16 ans dans un placement en extra muros.
    • Dès 18 ans dans une prolongation de suivi via le SAJ compétent.

Cette prolongation de suivi est toujours à la demande du jeune.
Elle peut s’étendre jusqu’aux 20 ans du jeune.

  • Nous accompagnons également les jeunes entre 16 ans et 18 ans avec mandat d’un autre service (travail en intervention).
  • Nous accompagnons également les jeunes dès 18 ans sans mandat et se trouvant dans un contexte de vie compliquée.

Quelle description de la problématique peut être faite?

Hargi’jeunes

L’accès au logement est difficile, d’autant lorsqu’on est jeune et aidé par un CPAS. Le prix dans le privé est très élevé, les agences immobilières et propriétaires privés refusent aisément ce public. La crise du logement est encore plus palpable après les dramatiques inondations vécues dans la région. L’AIS Nord Luxembourg est une solution pour ce public mais veille à être attentif à créer de nouveaux logements plutôt que de mettre en concurrence les différents publics vulnérables. Au-delà de l’accès au logement, il y aussi la question d’habiter son logement et donc, dans la plupart des cas, un accompagnement est nécessaire.

Le logement est la première nécessité, ensuite viennent les questions d’insertion, d’intégration, de formation, de mise au travail, de projet au sens large. La plupart des jeunes suivis ont un parcours aussi chaotique à ce niveau, fait de hauts et de bas. Le fossé entre certains jeunes et le monde du travail, de la formation est impressionnant. Les leviers actuels ne semblent pas suffisants pour rapprocher les jeunes de la zone d’intégration.

L’arrivée dans l’âge adulte est une période charnière et critique pour tout jeune. Les jeunes présents dans le projet ont pour la plupart, des lacunes, n’ont pas bénéficié des mêmes chances d’éducation et d’accompagnement et doivent en plus, prendre leur autonomie bien plus tôt que la plupart de leurs pairs. Travailler et mettre des moyens pour investir cette période charnière avec un public vulnérable, c’est faire le pari d’enrayer quelque peu la spirale de la précarité, c’est tendre vers plus d’équité.

L’Olivier

Au niveau du logement

En matière de logement, être un jeune dépendant de l’aide à la jeunesse est un critère discriminatoire. La recherche d’un logement que nous effectuons avec le jeune est principalement orientée vers les agences immobilières sociales, les services de logement sociaux communaux ou les propriétaires privés.

L’accès au logement au point de vue administratif est une réelle problématique.

En effet, lors de la recherche d’un logement outre les difficultés mentionnées ci-dessus se rajoute les difficultés administratives relatives au logement pour le jeune mineur:

  • le jeune étant mineur doit avoir la signature de ses parents tout au long de ce parcours;
  • le parent doit signer le contrat de location et l’état des lieux du jeune; situation parfois très difficile pour des parents qui ont très peu ou pas contacts avec leurs enfants;
  • les difficultés du passage à l’âge adulte.


Au niveau administratif

Le poids de la gestion administrative. Les jeunes sont en décalage au niveau de la surcharge des demandes (demande de rdv, demande de document, demande de justification, demande de prendre contact avec des organismes… Sans un accompagnement, ces jeunes seraient littéralement perdus.

Au niveau financier

Vivre avec le minimum vital. Une vie de besoins primaires et très peu de besoins secondaires. Une vie faite de sacrifices, de calculs…
Cela crée un fossé entre eux et leurs camarades. Une injustice qui est difficile à combler.

Au niveau psychologique

Une injustice de vivre ce qu’un jeune de son âge ne devrait normalement pas vivre. C’est très difficile à vivre psychologiquement (solitude, isolement, décrochage scolaire, consommation de substances illicites).

Que cherche-t-on à prévenir?

Hargi’jeunes

Pour pouvoir se poser et réfléchir au sens à donner à sa vie, l’accès à un logement est la base. Habiter son logement, s’en occuper, s’y installer, connaître ses obligations, s’y sentir bien, rompre l’isolement, avoir un réseau social favorable nécessite un accompagnement soutenant, soutenu et qui s’adapte aux besoins et au rythme de chacun. Lorsque ces différents aspects se mettent en place, avec l’accompagnement des trois structures, un travail tout aussi important se fait presqu’en parallèle sur les sens à donner à sa vie, les projets de formation et d’emploi, les obligations de la prise d’autonomie…

En travaillant ainsi, entre 3 partenaires, venant de secteurs différents on décloisonne, on met en commun ce qui est nécessaire, on enraye au plus tôt les cercles vicieux qui impactent la vie des jeunes…

Travailler ensemble permet aussi de prendre le jeune dans sa globalité, de comprendre le point de vue de l’autre et d’en tenir compte. Il n’y a pas de renvoi de responsabilités, de compétences.

Le dispositif permet notamment, par un accès facilité à un logement (et le fait de pouvoir le conserver), de diminuer la violence du marché du logement vis-à-vis d’un public particulièrement vulnérable à ce niveau. De même, le partenariat va diminuer les violences institutionnelles que subissent les jeunes en transition vers l’âge adulte: renvoi d’un service à l’autre, non-accès aux droits par manque d’informations ou de relais, exigences cumulatives disproportionnées ou incompatibles des services d’aides.

L’olivier

Nous cherchons à prévenir l’exclusion de ces jeunes vulnérables.

  • Accueillir des jeunes avec un accompagnement socio-éducatif.
  • Favoriser l’estime de soi et apprendre à gagner en confiance dans les échanges et relations sociales
  • Insuffler un courant dynamique (sens de la vie et normes de la société)


Accompagner le jeune dans son départ vers sa vie en autonomie.

De manière non exhaustive, notre accompagnement auprès du jeune vise à:

  • l’amener à mieux se connaître et à mieux s’assumer;
  • l’aider à gérer son budget;
  • l’aider à gérer conflits et frustrations de manière constructive;
  • l’amener à se rendre capable de choix, de décisions, de réalisations;
  • l’amener à une plus grande confiance en lui et à une responsabilisation de ses actes;
  • l’aider à trouver une place dans la société dans laquelle il se sent utile afin de s’épanouir personnellement et de favoriser l’estime de lui-même;
  • favoriser son insertion sociale et professionnelle;
  • l’amener à gérer son temps de manière positive et à se créer un réseau extérieur;
  • le responsabiliser dans les différentes gestions (administratives, financières…);
  • être à l’écoute de ses valeurs philosophiques, morales ou religieuses;
  • l’aider à se positionner de manière juste dans sa vie familiale.


L’objectif principal de notre travail consiste donc à amener le jeune à élaborer son projet de vie en conciliant épanouissement personnel et contrainte sociale.

Quel est le timing de l’action?

Commencé en mai 2018 avec trois jeunes, le projet Hargi’Jeunes a accompagné déjà 21 jeunes dans les différents dispositifs de mise en autonomie. Il vient de subir de plein fouet les inondations. Le projet Hargi’Jeunes est actuellement délocalisé mais s’est poursuivi et a accueilli de nouveaux jeunes.

La maison l’Olivier est ouverte depuis 2008. Nous fêterons nos 14 ans d’ouverture en 2022. À l’ouverture de cette structure, nous souhaitions apporter une réponse pour ces jeunes qui quittaient notre institution sans réel filet. Depuis, nous l’ouvrons à d’autres jeunes en situation de précarité sociale.

Quelle transformation sociale est souhaitée?

Le point central de ce projet est le partenariat constitué d’acteurs de secteurs différents.

Il s’est construit grâce notamment à une connaissance et une confiance mutuelle, une volonté d’innover et de sortir des habitudes pour répondre à un besoin. Il repose également sur une affirmation commune aux trois partenaires, la nécessité de travailler ensemble, de mettre nos compétences en commun, de “s’utiliser” les uns les autres dans un objectif commun.

Et donc, de ce constat de terrain, la transformation souhaitée est de faciliter le décloisonnement à un niveau supérieur, d’unir des secteurs différents autour d’une même question, chacun ayant intérêt à travailler sur cette question afin de diminuer les pressions sociétales en matière de logement, d’autonomie sociale, administrative et affective, d’emploi ou de formation sur les jeunes vulnérables de 16 à 22 ans.

L’importance pour nous, intervenants sociaux, de ne pas nous isoler, de ne pas s’auto-suffire.

La nécessité d’unir nos forces dans un même objectif; diminuer la pression sociétale à divers niveaux, exclure la discrimination dans le logement, faciliter le niveau administratif au cas par cas, …

Quels sont les acteurs mobilisés et quelles relations seront construites entre eux? Quels sont les apports et retours espérés pour chacun d’eux?

Les partenaires d’Hargi’jeunes

    • L’agence Immobilière Sociale Nord Luxembourg qui met à disposition un bâtiment (et logements) pour accueillir des jeunes. Le bâtiment du projet Hargi’Jeunes est en gestion à l’AIS et appartient à un privé. Il est composé d’une quinzaine de kots ou des communs sont partagés. L’AIS accompagne dans le logement et prend en charge le nettoyage des communs.
    • Le CPAS de Marche-en-Famenne accompagne la plupart des jeunes en individuel dès les prémisses d’une demande de mise en autonomie et gère également l’aspect collectif du projet.
    • L’AMO Mic-Ados met à disposition du personnel pour accompagner les jeunes en individuel dès les prémisses d’une demande de mise en autonomie et tout au long de l’accompagnement. Elle gère également l’aspect collectif du projet. L’AMO contresigne le bail avec le jeune et l’AIS, elle utilise cet engagement comme un outil de travail.


Au départ, le partenariat s’est construit autour de personnes représentants leur service, mais qui avaient une forte connivence. Les besoins de chacun ont été exprimés, et le sont toujours. Ils sont entendus par chaque partenaire qui doit également “s’arranger” avec son propre cadre, les limites et besoins de chacun. Une question de temps est aussi nécessaire afin de mettre chaque acteur dans un confort de travail, avec son équipe. Le projet arrive dans un moment où il doit davantage s’officialiser, se structurer pour en quelque sorte mettre des mots sur notre pratique, conventionner.

Des réunions avec tous les acteurs concernés sont organisées environ tous les deux mois.

Lorsque les jeunes entrent dans le logement, outre le bail, une convention d’engagement est également signée par le jeune et les différentes parties sur les engagements respectifs. Dans cette convention, nous évoquons l’échange d’information et son utilité.

Les partenaires de l’Olivier

      • Sos villages d’enfants a acheté et rénové un bâtiment de 4 logements, mis en gestion
      • à l’agence Immobilière Sociale Nord Luxembourg depuis 2008, dans le cadre du logement l’Olivier. L’AIS accompagne dans le logement de manière administrative et logistique.
      • Une cellule sociale composée de divers acteurs de terrain (dont le service de l’AIS, l’AMO MIC-ADOS et le CPAS de Marche) évalue régulièrement les besoins du jeune, la pertinence du projet de chaque locataire et l’adhésion du jeune à celui-ci.
      • Le CPAS de Marche-en-Famenne accompagne quelques jeunes dans le cadre d’un revenu d’intégration sociale. Une assistante sociale du CPAS est attribuée à la maison l’Olivier.
      • L’AMO Mic-Ados est un partenaire ressource dans diverses actions notamment dans le cadre de leurs projets sac à dos (accrochage scolaire).

 

Chaque jeune est suivi individuellement par une accompagnatrice sociale du Village d’Enfants SOS; celle-ci est également amenée à développer un projet solidaire au sein du bâtiment de façon à ce que les 4 locataires participent de temps à autre à des activités communes et partagent les tâches inhérentes à la maison (nettoyage des espaces communs, tri des déchets, …).

Autres éléments que vous souhaitez mettre en avant

Ce qui scelle un partenariat et qui permet de dépasser les difficultés rencontrées entre les acteurs, les frictions: c’est la conviction de tous du bienfondé du projet et du partenariat.
On serait bien moins “fort” seul!

“Accompagner quelqu’un, c’est ne se placer ni devant, ni derrière, ni à la place. C’est être à côté.” (Joseph Templier)

“Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir mais de le rendre possible.” (Saint-Exupéry)