Jean-Yves Charlier, directeur adjoint IPPJ Braine-le-Chateau

Entretien 02

J.-Y. Charlier espère que le secteur de l’aide à la jeunesse pourra sortir de sa «balkanisation» et trouver les moyens d’une meilleure articulation.

Il avance une première contribution des IPPJ à une politique de prévention: faire une lecture des récurrences qui traversent les situations des jeunes en conflit avec la loi pour, à partir de l’aval, repérer des enjeux de prévention (manque d’informations, manque d’accès à des institutions, manque d’accueil, ruptures de confiance…).

Il pointe aussi une cohérence possible pour le secteur autour de l’enjeu de la réalisation de soi: les jeunes en conflit avec la loi sont ceux qui ont vécu des traumatismes qui les ont empêchés de recevoir de l’aide; cette conception conduit à lire la délinquance comme le seul choix possible pour exister à un moment donné compte tenu de l’espace des possibles fermé qui s’offrait aux jeunes. Ouvrir l’espace des possibles est un enjeu qui concerne tous les acteurs du secteur.
Des collaborations avec les AMO sont par exemple envisageables à la sortie d’un(e) jeune pour qu’elles deviennent des ressources possibles pour lui/elle. C’est un point de rencontre nécessaire.

Par rapport au livre 1 en tant que tel

Pour l’IPPJ, la logique préventive définie dans le livre 1 permet de garder le sens de l’intervention: permettre au jeune de se construire comme sujet tendant vers l’autonomie, c’est-à-dire cherchant à se construire comme individu dans une société en déficit d’intégration (accès au travail, au logement, à la propriété) et en risque de délitement social.
D’où l’importance du groupe 18-25 ans pour lequel il y a un véritable manque de supports.

Cette cohérence en matière d’enjeu permet aux IPPJ également de se fixer deux points d’attention: ne pas aggraver la pente de la désaffiliation (par exemple en provoquant un décrochage scolaire); réunir les conditions d’une inversion de cette pente en mobilisant des relais.


En résumé, les articulations qui paraissent possibles à J.-Y. Charlier sont au nombre de 4:

  • les IPPJ peuvent fournir un éclairage ex post aux acteurs de la prévention sur les facteurs de vulnérabilité;
  • elles peuvent bénéficier d’un éclairage inverse pour rester sur le sens de leur intervention (ouvrir des possibles);
  • une cohérence sectorielle est possible: lutter contre la désaffiliation;
  • les AMO peuvent dans cette perspective jouer un rôle de support, de ressources pour un jeune qui revient dans son territoire.


Enfin, J.-Y. Charlier propose qu’on interroge des familles dont un enfant a été placé en IPPJ pour pouvoir bénéficier de leur analyse et de leur éclairage.​