Jean-Marie Delcommune,
Directeur général adjoint expert

Entretien 07

J.-M. Delcommune s’exprime en faisant notamment référence aux contributions qu’il a lues attentivement. Son intervention peut se lire en miroir de l’intervention de Luc Vandormael (01).

J.-M. Delcommune relève les points forts du livre 1, qui s’inscrit dans l’A.D.N. de la prévention développée par le secteur de l’aaj depuis l’avis n° 50. Les changements significatifs sont:

  • l’institution de chargés, qui peuvent se consacrer à temps plein à la prévention, ce qui n’était pas le cas des conseillers;
  • la création du collège de la prévention, qui peut donner toutes ses chances à une logique véritablement intersectorielle;
  • la complétude du mouvement qui va de l’irremplaçable travail local jusqu’au gouvernement;
  • les transformations dans la définition du public (son caractère vulnérable; l’extension nécessaire de l’âge).

Pour J.-M. Delcommune, le livre 1, ses actions et ses acteurs doivent maintenant faire très vite leurs preuves par l’action (voir aussi sur ce point l’interview de S. Sacco (09)): il faut passer de la parole, de la réflexion aux actes.
Pour lui, cela correspond à des enjeux à rencontrer; on peut sans doute considérer ces enjeux comme des conditions à remplir pour être à la hauteur des ambitions du livre 1, mais aussi comme des indicateurs de réussite d’une politique de prévention.

  • En termes de public, ne pas négliger la petite enfance pour éviter les «entrées dans le système», mais investir aussi les jeunes adultes pour éviter les fins d’intervention «sèches» et leurs conséquences néfastes.
  • Réussir l’intersectorialité pour réaliser une prévention que nous proposons de qualifier de généralisée; J.-M. Delcommune se demande toutefois si c’est possible à partir du secteur de l’aide à la jeunesse cherchant à mobiliser les autres (cfr toutes les interventions relatives à la coordination des actions: L. Vandormael (01), K. van Diest (06)…). Le champ d’action de la prévention doit en tout cas être précisé, mais aussi des procédures, définies (en matière de prise de risque et de responsabilité institutionnelles, de relais, etc.)
  • Ne pas réduire la caractéristique de vulnérabilité au public qui a croisé l’aide à la jeunesse.
  • Pour les AMO, chercher des alliances plutôt que pratiquer la dénonciation; sortir d’une prétention au monopole de l’expertise en matière de prévention; être proactives plutôt qu’attendre la demande.
  • Pour les acteurs du livre 1, apprendre à systématiser le partage d’informations pour réussir à peser sur les inégalités, sur les causes des difficultés. L’exemple du logement et de la non poursuite des échanges initiés avec les CPAS (en 2018 et 2019 dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre la pauvreté) indiquent ce qu’il faut arriver à éviter.
  • Au niveau des différents pouvoirs publics, accepter les chevauchements produits par la recherche de l’intersectorialité; accepter les co-financements plutôt que tracer des frontières et dresser des barrières. Il faut partir des besoins des jeunes pour construire des réponses intersectorielles.
  • Réussir une articulation des acteurs publics et privés, au profit des bénéficiaires.
  • Sortir des logiques corporatistes et des marqueurs désuets (mandatés/non mandatés); travailler avec les protagonistes des autres livres et des autres secteurs, en mettant en avant la déontologie et l’éthique plutôt que les logiques identitaires. Par exemple, des retours d’info de la part des SAJ sont une ressource importante pour la prévention.
  • La régionalisation possible doit être réfléchie: l’aide à la jeunesse ne doit-elle pas se recentrer sur les jeunes en danger, les AMO jouant un rôle d’intermédiaires entre différents secteurs?
  • La question des moyens doit être étudiée en regard des ambitions affichées.​