Nicole Clarembaux et Laetitia Defays,
Service général de la délinquance juvénile
Entretien 15
N. Clarembaux, Directrice générale adjointe experte du Service général de la délinquance juvénile et L. Defays, inspectrice au sein du Service général des IPPJ et des EMA, mettent en avant les facteurs de vulnérabilité invisibles dans les parcours de délinquance. Elles s’inscrivent ainsi pleinement dans l’approche de reproduction de la violence, qui rappelle que la violence visible de la délinquance est une conséquence de violences invisibles qui sont doublement occultées: comme causes de la violence exercée contre soi ou contre les autres, mais aussi comme éléments toujours présents dans un parcours de délinquance.
Elles inscrivent donc leur compréhension des faits qualifiés infraction dans la lecture sociale qui met en avant les facteurs de désaffiliation et insiste sur le caractère réversible de celle-ci: c’est là tout l’enjeu à leurs yeux.
Le livre 5, à ce titre, n’est pas en opposition avec le livre 1: ils ont des enjeux communs et le «nouveau paradigme» dans l’approche de la délinquance s’inscrit en cohérence avec le nouveau paradigme de la prévention.
Même s’il s’agit souvent de prévenir une récidive – on préfère parler maintenant de désistance par rapport à un parcours de délinquance – l’horizon de l’action est le même: renforcement du réseau de soutien autour du jeune, approche globale de celui-ci, centration sur ses besoins.
Cet horizon reçoit des traductions concrètes: action des équipes mobiles d’accompagnement (EMA), mise en place d’un GLM (Good Life Model), implication des jeunes délinquants dans des actions culturelles et sociales, par exemple de solidarité.
Ces convergences de vue les conduisent à vouloir impliquer activement les collaborateurs du Service général de la délinquance juvénile et du Service général des IPPJ et des EMA dans les Assises de la prévention, afin d’avoir l’opportunité d’exposer les principes de cette convergence.
Elles notent aussi des préoccupations communes avec des problématiques mentionnées par d’autres intervenants: le décrochage scolaire, la santé mentale, le handicap, les MENA.
Elles souhaiteraient que les futurs diagnostics sociaux des Conseils intègrent les données de la délinquance comme violence visible qui s’exerce en réponse à de nombreuses violences invisibles qui ont échappé aux regards.